Démographie des pharmaciens au 1er janvier 2013

13/06/2013

Précarisation et désaffection du métier vont de pair !

Dans le cadre de sa mission de tenue à jour du tableau, l’Ordre national des pharmaciens publie le recensement annuel des pharmaciens au 1er janvier 2013. Cette année, la section A (titulaires d’officine) a analysé des données permettant de mieux cerner le profil des pharmacies qui ont fermé ces dernières années, plus d’une centaine chaque année. Enfin, l’Ordre publie également 21 fascicules régionaux disponibles sur son site Internet www.ordre.pharmacien.fr .

« La crise a précarisé le métier de pharmacien, rendant celui-ci de moins en moins attractif pour les jeunes. Les pharmaciens retardent également leur départ à la retraite. »  déclare Isabelle Adenot, Président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, complétant :  « A ce jour, les pharmaciens sont toujours répartis harmonieusement sur tout le territoire. C’est important que le public trouve des pharmaciens près de chez eux, quel que soit leur métier. »

 

Un effectif croissant et vieillissant

Un effectif croissant

Pour la première fois depuis 2009, le nombre de pharmaciens inscrits à l’Ordre augmente par rapport à l’année précédente. Au 1er janvier 2013, on compte 767 pharmaciens de plus par rapport au 1er janvier 2012.

Deux raisons cumulatives pour expliquer ce phénomène :

  • Le retardement du départ en retraite (-29% en nombre par rapport à 2011). Le taux de radiation (rapport entre le nombre de radiés et le nombre d’inscrits par tranche d’âge) montre l’ampleur des sorties du tableau. Ce taux de radiation des plus de 66 ans chute de plus de 5% pour les tranches d’âge concernées.
  • Le relèvement du numerus clausus, de 2 600 en 2005 à 2 790 en 2006 (les études de pharmacie durant a minima 6 années, on se base sur le numerus clausus des années d'entrée dans les études).

 

Un effectif vieillissant

 Le vieillissement des pharmaciens continue. L’âge moyen des pharmaciens est de 46,4 ans au 1er janvier 2013 (46,1 au 1er janvier 2012). L’âge moyen des titulaires d’officine et des biologistes dépasse 49 ans. Un pharmacien titulaire d’officine sur trois a plus de 55 ans.

 

Une désaffection des jeunes

  • « l’évaporation » des jeunes diplômés (c'est-à-dire le pourcentage de pharmaciens ayant obtenu leur diplôme et ne s’inscrivant pas à l’Ordre) est de 25% en 2012. C’est donc un quart des jeunes diplômés qui n’exerce pas le métier pour lequel il a été formé ! Ce qui révèle le manque d’attractivité du métier.
  • Situation aggravée par le départ de jeunes pharmaciens au bout d’un, deux ou trois ans d’inscription. 4% de jeunes pharmaciens choisissent en 2011 de quitter l’exercice un an après (2% en 2008).
  • Situation à nouveau aggravée si l’on considère dans l’officine l’explosion du nombre de contrats à temps partiel et du nombre de pharmaciens adjoints intérimaires (4 055 pharmaciens, en augmentation de 18% par rapport à l’année dernière).

 

Les modes d’exercice et les restructurations

Les modes d’exercice

L’exercice libéral attire toujours, mais de manière différente : les pharmaciens libéraux préfèrent désormais clairement l’exercice en association.

  • Pour les officines  : plus de la moitié (56 %) des titulaires exercent en association et la société d’exercice libéral est la forme de société la plus choisie. 39% de ces SEL comptent au moins deux sources de capital. Phénomène qui devrait s’amplifier plus encore suite à la publication le 6 juin 2013 du nouveau décret relatif à l’exploitation des officines sous forme de sociétés d’exercice libéral (SEL) et de Sociétés de participations financières de professions libérales (SPF-PL).
  • Pour les laboratoires de biologie médicale  : Le nombre de laboratoires exploités en SEL continue son ascension : c’est désormais le cas pour 91% d’entre eux.

Les restructurations

  • Officine

La répartition harmonieuse des officines demeure une réalité sur l’ensemble du territoire. Les zones rurales ne sont pas désertées. La régulation territoriale remplit ses objectifs et permet de résister aux phénomènes observés dans les autres professions de santé.

Le nombre d’officines diminue à nouveau en 2012. Au cours de l’année, on enregistre 103 fermetures définitives d’officines (- 0,6%). Sur les 5 dernières années, on dénombre environ 500 fermetures.

Au 1er janvier 2013, on compte 21 939 officines en métropole et 626 en départements d’Outre-mer (soit un total global de 22 706). Plus d’un tiers sont situées dans des communes de moins de 5 000 habitants.

On compte une pharmacie d’officine pour 2 900 habitants. Si ce nombre est supérieur au ratio constaté dans d’autres pays européens, on doit aussi prendre en compte le nombre de pharmacies par kilomètres carrés à l’échelle de l’Ouest de l’Europe. Or, la France, du fait de son vaste territoire, connaît une densité pharmaceutique (33,83 officines par 1 000 Km²) en retrait par rapport à ses voisins.

Contrairement aux idées reçues, certains arrondissements de Paris dépassent le seuil de 2 900 habitants par pharmacie : le 19ème arrondissement = 4 240 habitants par pharmacie et le 20ème = 3 400 habitants par pharmacie. En moyenne, on compte 2 266 habitants par pharmacie à Paris.

Sur la mobilité géographique, la totalité des 241 transferts d’officine s’est effectuée à l’intérieur de la commune d’implantation (aucun transfert intercommunal) ; ils ne contribuent donc pas à la rationalisation géographique du réseau dans les territoires.

 

  • Biologie

La réforme de biologie a également accéléré les concentrations. On compte 6,4 sites par laboratoire (5,9 au 1er janvier 2012).

Les départements et collectivités d’outremer connaissent des tendances structurelles comparables à la métropole mais conservent des spécificités et un dynamisme lié à leur croissance démographique.

 

Typologie des officines qui ferment

En 2012, les rachats et cessions de clientèle restent largement préférés aux regroupements pour la recomposition locale de l’offre officinale. En regardant dans le détail, deux grands types de fermeture coexistent en 2012 : la première catégorie représente 60 pharmacies qui ferment suite à la restitution volontaire de licence ou regroupement, 45 pharmacies pour liquidation judiciaire ou cession/ fermeture.

Autre enseignement, ces fermetures sont le plus souvent situées dans les villes de plus de 10 000 habitants en situation d’excédent par rapport aux quotas démographiques. A l’inverse, les officines de ville ou village de taille moyenne semblent relativement épargnées.

En dehors de ces aspects, aucun déterminisme particulier n’est observé sur les cas de fermeture, que ce soit dans la forme d’exploitation, la taille de l’officine ou son organisation. Les facteurs qui semblent prépondérants relèvent plutôt de la perte d’un prescripteur de proximité, d’une requalification urbaine défavorable ou de la détérioration du climat économique général et de l’officine en particulier.

« Le modèle économique de l’officine est en train de changer »  souligne Alain Delgutte, Président du Conseil central des pharmaciens d’officine. « Certains confrères y sont malheureusement douloureusement confrontés. Une vigilance s’impose pour qu’en certains endroits, le désert pharmaceutique ne s’ajoute pas au désert médical. »

 

Les pharmaciens et les diplômes étrangers

Les pharmaciens étrangers représentent 1,6% des pharmaciens (1 179 pharmaciens, +0,11% en un an). Ces pharmaciens étrangers ont pour 416 d’entre eux un diplôme étranger, pour les autres, un diplôme français.

516 pharmaciens français inscrits à l’Ordre ont un diplôme étranger : en plus grand nombre, il s’agit de diplômes belges, puis algériens, puis italiens.

 

Les tendances par métier

PHARMACIENS BIOLOGISTES (SECTION G) : La baisse des effectifs constatée depuis 2009 continue en 2012 (-1% par rapport à 2011). La réforme de la biologie médicale a accéléré les évolutions dans les structures, publiques ou privées.

PHARMACIENS DE L’INDUSTRIE (SECTION B) : Le nombre de pharmaciens dans l’industrie est stabilisé (légère hausse de 2,1%). Les pharmaciens de l’industrie restent logiquement très concentrés sur le territoire, là où se trouvent les industries.

PHARMACIENS DE LA DISTRIBUTION (SECTION C) : En 2012, du fait de nouvelles structures (+2,2%), le nombre de pharmaciens de la distribution en gros connaît une hausse assez importante (1 345 pharmaciens contre 1 294 en 2011 soient +4%).

PHARMACIENS D’OFFICINE

  • Pharmaciens titulaires (SECTION A) : Le nombre de pharmaciens titulaires d’officine enregistre une nouvelle baisse modérée (-0,6%). L’exercice libéral conserve pour l’instant son attractivité.
  • Pharmaciens adjoints (SECTION D) : Les effectifs des pharmaciens adjoints en officine connaissent un regain en 2012 (+2,3% par rapport à 2011). Cette reprise est essentiellement due aux officines libérales (2,4%) au sein desquelles le nombre de pharmaciens d’officine intérimaires connaît une forte augmentation à 18,7% alors que les pharmacies mutualistes et des CANSSM continuent de voir leurs effectifs baisser (-5,5%).

PHARMACIENS DES ETABLISSEMENTS DE SANTE (SECTION H) : La hausse des effectifs se poursuit dans cette section aussi bien pour les inscrits (+4,4% à 6 046) dans les établissements publics que privés. Le nombre de PUI diminue légèrement tandis que les groupements de coopérations sanitaires progressent légèrement.

PHARMACIENS DE L’OUTRE-MER (SECTION E) : En 2012, la croissance globale des effectifs se poursuit principalement grâce aux pharmaciens d’officine (+1% de titulaires et +9% pour les pharmaciens adjoints). Le dynamisme des établissements de santé est moindre cette année (+2%) mais les distributeurs en gros progressent (+10%).