Consommation d’antibiotiques : poursuivre dans la bonne dynamique
21/11/2024
La consommation d’antibiotiques en ville, établie à partir des prescriptions délivrées en officine, est à la baisse, selon le rapport de Santé publique France 2013-2023. Une tendance encourageante depuis l’épidémie de Covid-19, bien que la France doive encore poursuivre ses efforts pour atteindre ses objectifs en matière de lutte contre l’antibiorésistance. La dispensation d’antibiotiques, conditionnée à la réalisation de tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) en officine, peut contribuer à réduire les usages inappropriés.
Les politiques visant à améliorer le bon usage des antibiotiques et à lutter contre l’antibiorésistance portent leurs fruits. En ville, les prescriptions d’antibiotiques se sont globalement stabilisées en 2023 à 820,6 prescriptions pour 1 000 habitants par an (–0,2 % par rapport à 2022 et –2 % par rapport à 2013), constate Santé publique France dans son rapport « Consommation d’antibiotiques en secteur de ville en France, 2013-2023 », publié le 6 novembre 2024.
Mieux, la consommation a baissé de 3,3 % par rapport à 2022 (–1,5 % par rapport à 2013), pour tomber à 20,9 doses définies journalières pour 1 000 habitants par jour. Avec des différences notables selon l’âge des patients (baisse des prescriptions chez les enfants de 0 à 4 ans, mais légère hausse de la consommation chez les personnes âgées), le genre (consommation et prescriptions plus importantes chez les femmes) et les territoires (consommation et prescriptions plus importantes en Corse, en région PACA et dans les Hauts-de-France).
La France retrouve la tendance de diminution observée depuis dix ans, après deux années post-Covid-19 marquées par une hausse des chiffres.
L’amoxicilline en tête de liste
Du côté des prescripteurs, les ordonnances d’antibiotiques des médecins généralistes ont diminué, entre 2022 et 2023, de 1,3 % alors que celles des dentistes et médecins spécialistes ont augmenté respectivement de 1,4 % et de 4,6 %.
Parmi les antibiotiques les plus prescrits, l’amoxicilline arrive en tête (38,5 %), devant l’association amoxicilline-acide clavulanique (15,6 %), puis les macrolides (16,7 %). Ces trois classes représentent, à elles seules, plus des deux tiers de la consommation totale d’antibiotiques en ville. L’utilisation des pénicillines et des macrolides est également en augmentation constante depuis 2020, ce qui implique une vigilance particulière, car ces familles d’antibiotiques sont fortement génératrices de résistances ; leur prescription reste indiquée dans certains cas restreints.
Les TROD pour mieux prescrire
Santé publique France relie ces résultats encourageants aux multiples recommandations émises ces dernières années, visant à réduire les durées de traitements antibiotiques. « La baisse des prescriptions et de la consommation d’antibiotiques en 2023 en France constitue un signe encourageant. Toutefois, nous sommes encore loin de l’objectif cible de moins de 650 prescriptions pour 1 000 habitants par an, retenu par la Stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance. Mieux sensibiliser les prescripteurs et les patients est essentiel pour atteindre nos objectifs de santé publique », souligne cependant le Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France et infectiologue. D’autant que la France est toujours considérée comme un pays fort consommateur d’antibiotiques, placée en 2022 au cinquième rang européen.
Pour aller plus loin, les autorités de santé favorisent de plus en plus l’utilisation des TROD qui, en cas de doute sur certaines pathologies pouvant être virales ou bactériennes, réduiraient davantage les usages inappropriés. Une mission attribuée aujourd’hui au pharmacien qui peut, depuis juin 2024, dispenser sous conditions certains antibiotiques en cas de cystite chez la femme ou d’angine bactérienne, lorsque le TROD réalisé à l’officine est positif.
Une campagne nationale de sensibilisation
Enfin, pour rappeler que les antibiotiques ne sont pas systématiques, Santé publique France rediffuse, depuis le 18 novembre, sa campagne « Les antibiotiques, bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser » sur différents médias (télévision, vidéos en ligne, radios, affiches dans les salles d’attente des professionnels de santé). Elle cible notamment les personnes de plus de 65 ans et les parents.
Pour accompagner les pharmaciens dans leur rôle de conseil sur le bon usage des antibiotiques et de prévention de l’antibiorésistance, des outils sont disponibles sur le site du Cespharm.
En savoir plus :
- Retrouvez la campagne de Santé publique France pour le bon usage des antibiotiques dans la boucle de novembre-décembre de La minute santé publique