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Tique Ixodes ricinus : première synthèse des données françaises

29/02/2024

Tique Ixodes ricinus : première synthèse des données françaises

L’Anses a financé et participé à une étude faisant l’état des connaissances sur la biologie et l’écologie de la tique Ixodes ricinus , ainsi que des pathogènes qu’elle est susceptible de transmettre. En analysant les données sur plus de 60 années, ce travail dresse un panorama des savoirs actuels et met en lumière le besoin de nouvelles investigations et d’harmonisation des méthodes de surveillance, pour améliorer les moyens de lutte et de prévention contre ce vecteur d’agents pathogènes.

La tique Ixodes ricinus  est l’un des principaux vecteurs d’agents pathogènes en France. Elle est susceptible de transmettre la bactérie responsable de la maladie de Lyme et le virus de l’encéphalite à tiques. Dans le cadre du plan national de lutte contre la maladie de Lyme et des maladies transmises par les tiques, l’Anses a financé une étude dont l’objectif était de produire la première synthèse des travaux de recherche conduits en France depuis les premiers travaux menés dans les années 1960 sur la tique Ixodes ricinus . Cette étude, qui prend en compte les résultats de 187 publications scientifiques, a été réalisée par l’École nationale vétérinaire d’Alfort.

Des données variables selon les départements

Ce travail a permis de cartographier la répartition de cette tique en France et de dresser la liste des nombreux agents pathogènes qu’elle peut véhiculer. Il a également identifié un certain nombre de connaissances manquantes. « La cartographie de la présence des tiques en France montre que les collectes de tiques sont surtout faites dans les zones à proximité des équipes de recherche qui travaillent sur le sujet. Aucune étude n’a été faite sur la présence des tiques dans certains départements, notamment en Provence-Alpes-Côte d’Azur ou en Centre-Val de Loire . », note Johanna Fite, chargée de mission « Vecteurs » au sein de l’unité Évaluation des risques liés au bien-être, à la santé et à l’alimentation des animaux et aux vecteurs de l’Anses.

Ce constat est également valable pour certains pathogènes : « Par exemple, la présence du virus de l’encéphalite à tiques chez les nymphes et les tiques adultes n’a été recherchée que dans quatre départements du Nord-Est de la France, la zone géographique où elle est historiquement présente.  », détaille Elsa Quillery, coordinatrice d’expertise scientifique au sein de la même unité. Or, des transmissions de cet agent pathogène à l’être humain sont survenues dans d’autres départements, ce qui indique que son implantation géographique est plus étendue.

Des problématiques plus étudiées que d’autres

Par ailleurs, la littérature scientifique cible davantage certains sujets : parmi les agents pathogènes pouvant être transmis par la tique, Borrelia burgdorferi , la bactérie à l’origine de la maladie de Lyme, est le plus étudié. Les études sur les animaux hôtes d’Ixodes ricinus  s’intéressent majoritairement aux rongeurs et aux ongulés sauvages, comme les chevreuils, et moins à d’autres espèces animales, telles que les lièvres ou les reptiles, qui peuvent aussi être piquées par les tiques et qui selon les contextes peuvent jouer un rôle dans l’épidémiologie des maladies.

Les effets de l’environnement sur les larves selon les zones géographiques, comme celles avec un climat méditerranéen ou montagnard, sont également moins étudiés. Ces connaissances sont pourtant nécessaires pour mieux définir les facteurs essentiels au développement de l'espèce et pour prédire les risques liés aux tiques, en particulier dans un contexte de changements climatiques.

Ainsi, cette étude montre que même si de nombreuses recherches ont été menées sur les tiques en France, des lacunes restent à combler. « Il y a des biais et des limites dans nos connaissances, chaque laboratoire ou projet de recherche a sa méthode de collecte et d’analyse, ce qui empêche de comparer les résultats. La mise en place d’un programme de surveillance national permettrait de réduire ces disparités afin d’optimiser la prévention et le contrôle des maladies transmises par les tiques  », conclut Elsa Quillery.

En savoir plus

Perez, Grégoire; Bournez, Laure; Boulanger, Nathalie; Fite, Johanna; Livoreil, Barbara; McCoy, Karen D.; Quillery, Elsa; René-Martellet, Magalie; Bonnet, Sarah I. The distribution, phenology, host range and pathogen prevalence of Ixodes ricinus in France: a systematic map and narrative review. Peer Community Journal, Volume 3 (2023), article no. e81. doi : 10.24072/pcjournal.291

Source : Actualité de l'anses publiée le 22/02/2024

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