Surdoses aux opioïdes : renforcer l’accès à la naloxone

18/11/2020

Surdoses aux opioïdes : renforcer l’accès à la naloxone

Cette nouvelle période de confinement s’accompagne d’un risque accru d’exposition aux surdoses pour les usagers d’opioïdes, qu’il s’agisse d’une utilisation médicamenteuse ou de consommation de drogues illicites. Dans ce contexte, la plus grande vigilance et un renforcement de l’accès à la naloxone sont requis pour les personnes potentiellement à risque.

Stress, difficultés à supporter le confinement, crainte du manque… de nombreux facteurs peuvent conduire à des conduites à risques et à des consommations mal contrôlées en cette période d’épidémie de Covid-19. Qu’il s’agisse d’une utilisation médicamenteuse ou de substances illicites, l’administration de naloxone et la mise en œuvre de gestes de premiers secours permettent de prévenir les surdoses mortelles aux opioïdes. 

Deux spécialités de naloxone "prêtes à l’emploi"

La naloxone est disponible sous des formes "prêtes à l’emploi", destinée à une utilisation par tous. Deux spécialités sont ainsi indiquées dans le traitement d’urgence des surdosages aux opioïdes, connus ou suspectés, se manifestant par une dépression respiratoire et dans l’attente des secours :

  • Nalscue®, forme nasale, disponible en établissement de santé et en structure médico-sociale,
  • Prenoxad®, forme injectable intramusculaire, disponible en officine via les grossistes-répartiteurs depuis le 15 octobre, en établissement de santé et structure médico-sociale.

L’administration de ces deux spécialités par un tiers, non professionnel de santé, est validée par les AMM et par avis de la HAS.

Cibler les personnes potentiellement à risque

Le ministère des Solidarités et de la Santé rappelle que toute personne à risque devrait se voir délivrer ou prescrire un kit de naloxone et recevoir dans le même temps les informations clés sur la conduite à tenir en cas de suspicion de surdose aux opioïdes. 

Les populations potentiellement à risque constituent les cibles prioritaires des programmes de délivrance de la naloxone "à emporter" :

  • les usagers ayant une perte de tolérance aux opioïdes liée à un arrêt ou une période de plus faible consommation : personnes sortant de prison, de sevrage, de centre de soins résidentiel,
  • les usagers avec des antécédents récents de surdose, 
  • les patients en traitement de substitution aux opioïdes (TSO) en particulier la méthadone lors de l’initiation du traitement ou dans le mois suivant l’arrêt,
  • les patients traités par des médicaments opioïdes antalgiques, lors de l’initiation notamment, ou en cas de mésusage du traitement (augmentation non contrôlée des doses pour soulager une douleur mal prise en charge, recherche d’effets psychotropes) ou ayant développé une dépendance, 
  • les usagers d’opioïdes pour des effets psychoactifs, 
  • les usagers d’opioïdes en "auto substitution" pour soulager une opio-dépendance.

Une formation en ligne est proposée aux usagers de drogues, à leur famille et leurs proches et à ceux qui les accompagnent (professionnels de CAARUD*) pour savoir comment réagir face aux surdoses d’opioïdes, disponible sur www.naloxone.fr

Vigilance accrue en période épidémique de Covid-19

Les professionnels exerçant en ville (médecins, pharmaciens, infirmières notamment), en structure médico-sociale (CSAPA, CAARUD*) et en établissement de santé sont appelés à une vigilance particulière sur le sujet :

  • L’accès à la naloxone au sein des CSAPA-CAARUD, en pharmacie et en établissements de santé doit être garanti pour tous les publics à risque ;
  • Toute prescription de TSO, en particulier en initiation, chez des usagers ne faisant pas partie de la patientèle, doit s’accompagner d’une remise d’un kit de naloxone ou d’une prescription. 
  • Toute prescription d’antalgiques opioïdes doit faire l’objet d’une évaluation par le prescripteur du risque de mésusage et de surdose pour le patient et s’accompagner d’une information sur la naloxone et le cas échéant d’une prescription. 

Par ailleurs, le dispositif de renouvellement dérogatoire  a été ré-instauré pour les TSO et ce, pour la durée de l'état d'urgence sanitaire (arrêté du 7 novembre 2020 ).

Pour plus d’information et pour sensibiliser les patients à risque et leur entourage, le ministère chargé de la Santé propose plusieurs outils, disponibles sur le site du Cespharm** :

 

*CSAPA : Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie
CAARUD : Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues 

**Prévention et éducation pour la santé : pour accompagner le pharmacien dans sa mission, le Cespharm (Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française) propose plus de 300 documents d'information et outils éducatifs sur www.cespharm.fr

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