« J’évalue l’observance des patients pour une juste dispensation des traitements d’oxygénothérapie »

21/11/2024

Visuel le bon geste

Dans ce quatrième volet des entretiens « Le bon geste », retrouvez le témoignage de Caroline Baret, pharmacien responsable des bonnes pratiques de dispensation de l’oxygène (BPDO). Salariée depuis 17 ans d’un prestataire de santé à domicile, elle supervise notamment la dispensation de l’oxygène à usage médical au domicile des patients. Très impliquée dans la préservation de l’environnement, elle est à l’origine, avec son équipe, de plusieurs initiatives qui visent à une consommation plus sobre des produits associés à l’oxygénothérapie et à une optimisation des livraisons au domicile des patients. 

Quel est votre rôle au sein de votre structure ?

Dans ma fonction de pharmacien responsable BPDO, je supervise l’ensemble des opérations pour la dispensation de l’oxygène à usage médical à domicile. Cela recouvre la commande, le stockage du matériel, la délivrance, mais aussi le suivi des patients sous oxygénothérapie, en collaboration avec les médecins prescripteurs et les professionnels de santé en lien avec le patient. Il y a plus d’une dizaine d’années, nous avons mis en place un contrôle de l’observance des patients afin de pouvoir adapter le traitement et ainsi diminuer le gaspillage du matériel médical associé, c'est-à-dire les consommables.

Pourquoi vous être engagée dans une telle démarche ?

La prescription d’une oxygénothérapie est faite par le médecin pour des patients souffrant, par exemple, d’une insuffisance respiratoire dans le cas de pathologies telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive, la fibrose pulmonaire... De notre côté, nous réalisons la mise en place du matériel à domicile, l'information des patients et de l'entourage à la manipulation du matériel et au respect des consignes de sécurité liées à l'oxygène, ainsi que la maintenance. Des visites de contrôle ont lieu tous les trois à quatre mois pour les patients sous oxygénothérapie. Outre les bouteilles d’oxygène, nous fournissons des concentrateurs d’oxygène et l’ensemble du matériel nécessaire au traitement : tuyaux, lunettes à oxygène… Il nous a paru essentiel de réduire les coûts, non seulement financiers, mais également environnementaux, liés à la consommation de ces produits de santé et du matériel médical, aux livraisons et trajets divers.

Concrètement, comment cela se déroule-t-il ?

Lors de sa visite de maintenance au domicile du patient, le technicien relève le compteur qui indique le nombre d’heures durant lesquelles la machine a été utilisée. Ces informations sont intégrées dans un logiciel et, après lecture du dossier du patient, je les compare à la prescription du médecin. Si, par exemple, le patient a utilisé l’appareil pendant 5 heures alors que l’ordonnance mentionne 12 heures d’utilisation, j’en informe le prescripteur qui, en fonction de la gravité de la pathologie et des besoins du malade, peut décider d’ajuster le traitement ou, plus rarement, proposer un « désappareillage ». Ceci permet d'adapter le matériel d’oxygène à l’évolution de l’état de santé du patient et ses habitudes de vie (besoin en déambulation, par exemple) et de limiter le gaspillage par une dispensation plus juste du traitement.

Quels sont les autres dispositifs mis en place en faveur de la transition écologique ?

Lors de nos visites à domicile, nous interrogeons également le patient sur les consommables livrés, comme les lunettes à oxygène. S’il lui reste du stock, nous lui proposons d’attendre avant de le réapprovisionner, tout comme le pharmacien d’officine s’enquiert auprès de son patient du nombre de boîtes de paracétamol restant dans son armoire à pharmacie.

Nous avons aussi entrepris d’optimiser nos tournées de visite au domicile des patients. Oxygénothérapie, apnées du sommeil, ventilation, aspiration... les besoins des patients ne sont pas les mêmes. Nous avons constitué des cohortes de patients et notre planificatrice bâtit des tournées en fonction des exigences de maintenance des appareils. Nous évitons ainsi les allers-retours inutiles aux domiciles des patients dispersés sur plusieurs départements. Nous avons donc réduit la consommation de carburant et limité l’usure de nos véhicules.

Le prochain objectif est d’équiper nos véhicules d’un système de géolocalisation. Pour faire face aux imprévus, tels que le dépannage d’un patient ou la mise en place, dans la journée, de matériel pour un nouveau patient, nous saurons en temps réel quel technicien faire intervenir au plus vite et avec le meilleur niveau de compétences. Le déploiement de ce système, prévu à la fin de l’année 2024, devrait ainsi nous permettre d’économiser des kilomètres et d’être plus réactifs lors d’urgences. 

Quels conseils donneriez-vous à un confrère pour l’inciter à la mise en place de mesures en faveur de l’environnement ? 

Il faut de la patience et du temps ! Avec l’augmentation des zones médicales sous-denses et la surcharge de travail des médecins, il n’est pas toujours aisé, par exemple, de contacter rapidement un praticien pour discuter de l’observance d’un patient. Il faut aussi de l’imagination et une bonne connaissance de son secteur pour cerner les besoins et se lancer dans ces démarches, qui se révèlent à la fois bénéfiques pour l’environnement et pour la santé publique.

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