Prélèvements intimes réalisés par un biologiste médical : quelles conditions respecter ?

03/10/2024

Prélèvements intimes réalisés par un biologiste médical : quelles conditions respecter ?

Le Conseil central de la section G rappelle aux biologistes médicaux que la pratique de prélèvements touchant aux zones uro-génitale et ano-rectale doit respecter des règles éthiques propres à la nature particulière de ces prélèvements touchant à l’intime.

A l’occasion de la réalisation d’un prélèvement vaginal par un biologiste médical, une patiente a demandé à être accompagnée par une infirmière. Cette demande lui a été refusée, amenant la patiente à effectuer le prélèvement elle-même. Ce cas, porté à la connaissance du Conseil central de la section G, invite l’Ordre à rappeler que le patient peut être assisté, lors d’un prélèvement, par l’accompagnant de son choix. La présence d’un tiers soignant peut également être demandée par le patient.

Les biologistes médicaux doivent rester conscients de la particularité des prélèvements qu’ils sont amenés à pratiquer quand ceux-ci concernent les zones uro-génitale ou ano-rectale. Ces examens répondent à la définition d’un “acte médical qui concourt à la prévention, au dépistage, au diagnostic ou à l’évaluation du risque de survenue d’états pathologiques, à la décision et à la prise en charge thérapeutiques, à la détermination ou au suivi de l’état physiologique ou physiopathologique de l’être humain”  (Art. L-6211-1  du code de la santé publique).

Dès lors qu’ils touchent à l’intimité psychique et physique, ces prélèvements, parfois difficiles à subir et complexes à réaliser, nécessitent un effort de compréhension mutuelle. Un cadre respectueux et sécurisant entre le patient et le professionnel doit être instauré. Il repose sur une écoute, une attitude, un dialogue conduit dans un esprit de bienveillance et de respect, avec le souci du bien-être du patient et sans crainte d’une mise en cause illégitime de la pratique du soignant. La pudeur et le besoin d’intimité du patient, qui doit pouvoir se dévêtir à l’abri des regards, sont à prendre en considération, tout comme l’inconfort éventuellement occasionné par le prélèvement.

Le consentement du patient ne doit plus être tacite ou présumé

Un accord oral doit être recueilli avant tout prélèvement. Il suppose une information préalable du patient sur la nature du prélèvement et l’objet de l’examen qui en découle : par exemple, analyse cytologique des cellules du col de l’utérus à la recherche d'anomalie et/ou la présence de virus HPV à haut risque dans le dépistage du cancer du col de l’utérus ; prélèvement vaginal ou urétral en vue d’examens bactériologiques pour la recherche d’agents infectieux responsables d’infections sexuellement transmissibles (IST)…

Enfin, il convient d’expliquer comment se déroule concrètement le prélèvement, s’il nécessite l’usage de matériels médicaux tels qu’un spéculum et s’il est susceptible d’occasionner une quelconque gêne ou douleur.

Le prélèvement doit pouvoir être interrompu à tout moment, dès que le patient en manifeste la volonté. Aucune pression, en cas de refus, ne saurait être exercée sur lui. Il conviendra alors de lui rappeler l’éventuelle nécessité d’un nouveau rendez-vous pour réaliser l’examen prescrit et de l’informer des possibles conséquences en matière diagnostique et thérapeutique de cette absence d’examen.

Recours à l’auto-prélèvement

Dépistage du cancer du col de l’utérus

Le référentiel national  publié par l’Institut national du Cancer en avril 2022 a défini les modalités pratiques de recours aux auto-prélèvements vaginaux dans la stratégie de dépistage du cancer du col de l’utérus. L’intégration de l’auto-prélèvement vaginal (APV) comme modalité de prélèvement alternative chez des femmes de plus de 30 ans insuffisamment dépistées est préconisée pour augmenter le taux de participation des personnes en rupture de dépistage.

Dépistage des IST

Dans le cadre du dispositif “Mon test IST ”, entré en vigueur le 1er septembre 2024, en complément du “VIH test” mis en place en 2022, les prélèvements anaux et vaginaux doivent être réalisés en auto-prélèvement. Pour rappel, ce dispositif permet l’accès au dépistage sans ordonnance de quatre agents infectieux responsables d’IST : Neisseria gonorrhoeae  (blennoragie), Chlamydia trachomatis  (chlamydiose), Treponema pallidum  (syphilis) et virus de l'hépatite B, en laboratoire de biologie médicale. Après avoir complété un auto-questionnaire, la personne est orientée par le biologiste médical vers les dépistages les plus pertinents au regard de ses pratiques sexuelles, sur la base d’un algorithme décisionnel.

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