Publication du rapport d’activité 2023 de l’Ordre national des pharmaciens
18/07/2024
A nouveau en 2023 , l’Ordre a mobilisé ses élus et collaborateurs autour de trois priorités : pénuries de médicaments, sécurité, attractivité de la profession. À l’heure où les tensions existantes en matière d’accès aux soins s’accroissent et où le système de santé évolue, l’Ordre répond présent face à ces défis qui concernent l’ensemble des métiers de la pharmacie.
Agir partout et pour tous
Si les déserts médicaux sont de plus en plus nombreux, les pharmaciens restent harmonieusement répartis dans la plupart des territoires, grâce à un maillage encore suffisamment homogène. Investis dans la fabrication, la distribution, les examens de biologie médicale, la pharmacie clinique à l’hôpital, la prévention, le dépistage, la vaccination et la réalisation d’actes complexes, ils sont les garants d’un accès aux soins pour tous.
Pour préserver ce rôle essentiel, l’Ordre a, en 2023, contribué à l’ensemble des textes et réglementations visant à renforcer l’accès aux soins. Qu’il soit question du renouvellement des traitements chroniques par le pharmacien pour une durée maximale de trois mois, de la possibilité de réaliser des prélèvements cervico-vaginaux dans le cadre du dépistage du cancer du col de l’utérus en laboratoire de biologie médicale (LBM), ou encore des dispositions concernant les préparations hospitalières et officinales spéciales, la prescription d’antibiotiques par les pharmaciens d’officine après un test, tous les métiers ont vu leurs missions évoluer et leur importance confortée au service de la santé publique.
À l’échelle européenne, les sections B (pharmaciens de l’industrie) et C (pharmaciens de la distribution en gros) ont fait valoir l’importance du modèle français de pharmacien responsable, véritable garant de la sécurité et de la traçabilité du médicament. L’Ordre s’est également appuyé sur son réseau pour développer des actions de prévention et faciliter la coopération interprofessionnelle, grâce au bon usage des outils et services numériques. Il a ainsi étroitement travaillé aux côtés de l’ensemble de ses partenaires institutionnels : ministère de la Santé, ANSM, HAS, ANS, CNIL, Commission européenne…
Agir contre les risques de pénurie
Face à l’augmentation des tensions d’approvisionnement, les pharmaciens œuvrent collectivement pour diminuer les risques de pénurie. Tout au long de l’année, conseillers et collaborateurs de l’Ordre ont une nouvelle fois porté ce sujet dans de nombreux groupes de travail, réunions et instances, dans le cadre, entre autres, de la commission d’enquête du Sénat constituée en février 2023.
Répondant à l’appel du ministère de la Santé, l’Ordre a interagi aux côtés de l’ANSM pour aboutir, fin 2023, à l’élaboration de la Charte d’engagement des acteurs de la chaîne du médicament contre les tensions d’approvisionnement. Ce travail est appelé à se poursuivre dans les années à venir, notamment à travers la feuille de route ministérielle, qui vient consacrer le DP-Ruptures comme vecteur central d’information pour tous les maillons de la chaîne.
Agir pour le renforcement de la sécurité des professionnels de santé
Professionnels de santé de proximité, les pharmaciens sont particulièrement exposés aux problèmes de sécurité : incivilités, vols de médicaments ou matériel médical, vandalisme, comme ce fut le cas lors des émeutes de juin 2023.
L’Ordre agit de concert avec la Direction générale de la gendarmerie nationale pour améliorer la prévention. Il mobilise aussi ses partenaires institutionnels et associatifs au plus près du terrain. Fort de son réseau de plus de 100 conseillers « référents sécurité », l’Ordre apporte aide et soutien aux confrères agressés. Au-delà de leur rôle d’écoute, les référents sécurité orientent également les victimes vers les structures et procédures adaptées.
L’Ordre a, en outre, contribué à la campagne dédiée à la sécurité des professionnels de santé, à l’initiative du ministère de la Santé, et à la proposition de loi discutée en février dernier à l’Assemblée nationale.
Agir pour l’attractivité des métiers de la pharmacie
Insuffisance du nombre de diplômés, faible mobilité dans les territoires ruraux et ultra-marins, manque de reconnaissance des diplômes obtenus hors Union européenne, reconversions professionnelles, méconnaissance de l’ensemble des métiers… ces constats appellent à agir pour consolider une présence pharmaceutique sur tout le territoire, en suscitant notamment de nouvelles vocations. L’Ordre a donc multiplié les initiatives pour augmenter la visibilité de la profession. En 2023, il a lancé une nouvelle campagne de communication destinée à mieux faire connaître la diversité des métiers. Autour du slogan « Pharmacien, le moins connu des métiers connus », elle s’est déployée avec succès courant 2024, grâce à sa viralité sur les réseaux sociaux et à l’engagement des pharmaciens de terrain, qui n’ont pas hésité à aller à la rencontre des publics dans les facultés ou lors de salons pour parler de la multiplicité et de l'intérêt de ces métiers au service des patients. Ces actions s’inscrivent dans une initiative plus large de valorisation de la profession, en lien avec l’État et les différentes facultés de pharmacie.
Convaincu de la nécessité de travailler en proximité avec les pharmaciens qui construisent l’avenir, l’Ordre a aussi créé, en 2023, la Commission des nouveaux inscrits réservée aux pharmaciens primo-inscrits depuis moins de trois ans ou en reconversion. Au-delà de promouvoir les droits et devoirs incombant à tout pharmacien en exercice dans son parcours professionnel, son objectif est surtout de traiter les sujets concrets de préoccupation comme l’orientation, la reconversion professionnelle ou encore la formation et l’accueil des jeunes diplômés.
Et demain ?
En 2024, les engagements de l’Ordre se poursuivent sur tous ces sujets et s’enrichissent aussi de nouvelles approches. La transition environnementale s’impose dans le domaine de la santé et les pharmaciens ne manqueront pas à l’appel.
C’est pourquoi l’Ordre mène plusieurs chantiers en France et en Europe pour identifier les axes prioritaires de son action et rendre l’exercice pharmaceutique plus vertueux.
L’Ordre a, par ailleurs, participé à l’élaboration de la proposition de loi de lutte contre les dérives sectaires. Il a également répondu aux questions des sénateurs, préoccupés par une thématique croissante : la financiarisation des filières de santé, qui pourrait impacter fortement l’indépendance professionnelle.
Il convient aussi de rester attentif et vigilant face à l’émergence de l’intelligence artificielle dans les pratiques professionnelles, dont les opportunités et possibilités infinies ne doivent pas faire oublier que l’humain demeure une priorité.
L’Ordre continuera à protéger l’intégrité du métier, son utilité au service de la santé publique, en conformité avec les règles éthiques qui régissent la profession.