Ruptures d’approvisionnement : aggravation de la situation dans les officines européennes

31/01/2020

Ruptures d’approvisionnement : aggravation de la situation dans les officines européennes

La publication de l’enquête annuelle du GPUE est l’occasion d’attirer l’attention des décideurs – instances de régulation et parties prenantes – sur la nécessité d’agir vite et de façon concertée à l’échelle européenne.

Les résultats  2019 de l’étude du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE)  sur les conséquences quantitatives et qualitatives des ruptures d’approvisionnement  (voir les principales conclusions, ci-dessous) confirment :

  • l’incidence croissante de celles-ci dans la plupart des pays ;
  • leurs effets délétères pour les malades et le bon fonctionnement des officines ;
  • ainsi que la disparité des moyens d’information, des mesures réglementaires et des outils mis à disposition des officinaux pour apporter des alternatives aux malades.

Pour Duarte Santos, président du GPUE, « la situation des patients et des professionnels de santé en Europe n’est plus ni supportable, ni acceptable  ».

Les principales conclusions

Tous les pays répondants ont connu des ruptures d’approvisionnement à l'officine au cours des 12 derniers mois. Une large majorité (87 %) indique que la situation s'est aggravée par rapport à 2018.

Toutes les classes de médicaments sont affectées par ces ruptures d’approvisionnement au niveau européen. Les médicaments de l’appareil respiratoire sont les plus fortement affectés (ruptures dans 87 % des pays répondants), tandis que les médicaments biologiques sont les moins concernés (ruptures dans 42 % des pays répondants).

Dans la majorité des pays répondants (67 %), plus de 200 médicaments étaient considérés comme manquants. Dans 5 pays, cela concernait même plus de 400 médicaments.

• Tous les pays répondants ont indiqué qu'ils considéraient les ruptures d’approvisionnement comme une source de désarroi et de désagréments pour les patients. L'interruption du traitement (75 % des pays), l'augmentation du coût pour le malade résultant d'un traitement alternatif plus cher ou non remboursé (58 %) et le traitement sous-optimal ou d'efficacité moindre (42 %) sont aussi perçus comme les conséquences négatives les plus fréquentes pour les patients.

• Dans la plupart des pays, les pharmacies d'officine se considèrent comme affectées par la moindre confiance des patients (92 % des pays), le temps passé à gérer les ruptures causant aussi une perte financière (82 %) et entraînant un niveau de satisfaction dégradé pour le personnel (79 %).

Les possibilités dont disposent les officines pour remédier aux situations de ruptures varient beaucoup en fonction de la réglementation de chaque pays. Les plus répandues sont la substitution générique (79 % des pays), le recours à des canaux alternatifs autorisés tels que d'autres pharmacies (63 %) et l'importation du médicament depuis un pays où il est disponible (46 %). Cependant, certaines de ces solutions sont soumises à des restrictions (par exemple, nécessité d'une nouvelle prescription) et peuvent être fastidieuses et chronophages tant pour le patient que pour le pharmacien.

Le temps passé par le personnel officinal à gérer les ruptures d’approvisionnement s'est accru entre 2018 et 2019, passant de 5,6 heures à 6,6 heures hebdomadaires en moyenne.

25 % des pays répondants ont indiqué qu'aucun système de notification à l'usage des pharmaciens d'officine n'existait encore, alors même qu’ils subissent ou prévoient souvent les difficultés d'approvisionnement avant que les industriels et grossistes en aient conscience.

• Dans la plupart des pays, les pharmaciens d'officine reçoivent les informations nécessaires quant aux ruptures via les grossistes (71 %), l'agence du médicament (67 %) et les organisations professionnelles (42 %).

Pour rappel, le GPUE regroupe les associations nationales et les ordres de 31 pays de l’Union européenne, représentant plus de 400 000 pharmaciens d’officine. Il organise chaque année cette enquête sur les ruptures, celle-ci a été nourrie des réponses de 24 pays (23 pays de l’UE ainsi que la Norvège).

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